Plusieurs facteurs ont motivé les Français dans le développement de leur colonie nord-américaine, la Nouvelle-France. Premièrement, la couronne française – et les investisseurs privés – souhaitaient tirer un profit économique de cette colonie. Il est vite devenu évident que le commerce des fourrures était le moyen le plus important pour eux d’exploiter les ressources du continent. Deuxièmement, ils espéraient localiser des ressources minérales utilisables comme le plomb, l’argent ou le cuivre. Troisièmement, l’Église catholique et les missionnaires des communautés jésuite et récollette étaient désireux de convertir les Amérindiens au christianisme. Enfin, les Français voulaient trouver une route vers l’océan Pacifique pour faciliter les échanges avec la Chine et le reste de l’Asie, qui constituait déjà un marché précieux pour le commerce européen.

Le fleuve Mississippi a amené les premiers visiteurs français dans la région de l’actuel Missouri. Le 17 juin 1673, le père Jacques Marquette et le commerçant de fourrures Louis Jolliet, accompagnés de cinq autres hommes, entrèrent dans le fleuve Mississippi, à l’embouchure de la rivière Fox, près du site actuel de Prairie du Chien, dans le Wisconsin. Ils avaient reçu l’autorisation des autorités coloniales françaises pour voyager dans un territoire peu connu des Français. Les autorités voulaient en savoir plus sur ce qui se trouvait à l’ouest et au sud des forts et des missions françaises établies dans la région des Grands Lacs supérieurs, que les Français appelaient « le pays d’en haut ». Ils désiraient notamment savoir si ce grand fleuve, dont ils avaient entendu parler par les autochtones, pourrait constituer une route vers l’océan Pacifique, créant ainsi une nouvelle route commerciale plus rapide vers la Chine.

Après avoir atteint le Mississippi en empruntant les rivières Fox et Wisconsin, le groupe de Marquette et Jolliet s’est dirigé vers le sud sur le Mississippi, au-delà de ce qui est aujourd’hui l’Illinois, l’Iowa, le Missouri, le Kentucky et l’Arkansas. Les premiers autochtones que le groupe rencontra alors que les canots descendaient le Mississippi n’étaient pas loin de l’embouchure de la rivière Des Moines, sur la rive ouest du Mississippi, dans l’actuel Missouri. Il s’agissait d’un groupe de Peorias, un sous-groupe de la nation Illinois. Avec d’autres Illinois, ce groupe de Peoria s’était déplacé à l’ouest du Mississippi à la suite des conflits appelés Guerres des castors, résultant de la concurrence pour le contrôle des droits commerciaux avec les colons européens. Les Illinois rencontrés par Marquette et Jolliet les invitèrent à visiter leur village. Comme les autres autochtones du Missouri, ils étaient prêts à créer des relations commerciales directes avec les visiteurs français qui leur seraient avantageuses, en supprimant les intermédiaires entre eux et les Français.
Marquette et Jolliet ont voyagé plus au sud sur le fleuve Mississippi, juste au-dessus de l’embouchure de la rivière Arkansas. Là, ils ont rendu visite à une autre nation autochtone, les Quapaws, qui ont également passé du temps dans ce qui est aujourd’hui le Missouri. Bien que les Quapaws aient accueilli Marquette et Jolliet et furent également prêts à créer des relations commerciales directes, ils les ont avertis de ne pas continuer vers le sud car ils rencontreraient des personnes hostiles en aval. Serait-ce une manière d’empêcher Marquette et Jolliet d’établir des relations commerciales avec d’autres groupes autochtones ? Quoi qu’il en soit, à ce stade, Marquette et Jolliet pouvaient confirmer que cette rivière se dirigeait vers le sud, et non vers l’ouest comme on l’espérait ; ils rebroussèrent donc chemin en amont et revinrent au Canada, empruntant un itinéraire différent qui suivait le rivière Illinois vers le nord-est pour retourner au lac Michigan .

Quelques années plus tard, un autre Français devait mener un groupe sur le Mississippi à la recherche de son débouché vers la mer. Au fur et à mesure que René-Robert Cavelier, sieur de La Salle explorait ce territoire, il proposa d’établir des forts qui faciliteraient le fructueux commerce des fourrures. En 1679, La Salle avait réussi à obtenir du roi de France Louis XIV la permission d’explorer une vaste région de l’Amérique du Nord au sud et à l’ouest des Grands Lacs, entre les possessions espagnoles du Mexique et de la Floride. La Salle et son groupe d’environ 40 personnes ont traversé l’Indiana et l’Illinois actuels jusqu’au fleuve Mississippi, en partant de l’embouchure de la rivière Saint-Joseph en décembre 1681.
C’est au cours de ce voyage que lui et son groupe ont atteint l’embouchure du Mississippi. Le 9 avril 1682, alors que lui et son groupe se trouvaient sur un point élevé non loin du golfe du Mexique, La Salle déclara, au nom du roi Louis XIV, qu’il prenait possession de « ce pays de Louisiane », y compris tout le drainage du Mississippi depuis l’embouchure de la rivière Ohio vers le sud, avec toutes les « nations, villes, ruisseaux et rivières » du territoire. Bien entendu, cela ne tenait pas compte des droits territoriaux des nombreux peuples autochtones vivant dans cette vaste région ni de leur point de vue sur qui possédait quoi. Mais le décor était planté pour la division de la colonie de la Nouvelle-France en deux districts administratifs : le Canada et la Louisiane.

La division entre les deux districts (plus une région frontalière, en fait, qu’une ligne distincte) était située à peu près dans ce qui est aujourd’hui le centre de l’Indiana et le centre de l’Illinois. Ce qui est aujourd’hui le Missouri ferait partie de la Louisiane, elle-même divisée administrativement en deux sections : la Haute-Louisiane et la Basse-Louisiane, la ligne de démarcation étant située à peu près à l’embouchure de la rivière Arkansas. Le fleuve Mississippi était au cœur d’une région comprenant à la fois ce qui est aujourd’hui l’est du Missouri et la région située de l’autre côté du fleuve à l’est, appelée par les Français « le pays des Illinois », le pays des indigènes de ce nom.
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