La vie de Félicité Constant Motier, résidente de l’Iowa d’origine française du 19e siècle, illustre de manière personnelle les changements que traversaient l’Iowa et ses voisins de la vallée du Mississippi à la fin du 18e et au début du 19e siècle.
Félicité est née de parents canadiens-français en 1780 à Carondelet, une communauté française située juste à l’extérieur de Saint-Louis, sur la rive ouest du fleuve Mississippi. Le territoire à l’ouest du Mississippi était encore espagnol au moment de sa naissance, ayant été cédé à l’Espagne par les Français vers la fin de la guerre de Sept Ans (également connue comme de Guerre française et indienne). Elle épousa un autre colon d’origine française, François Motier dit Mocquet, vers 1805 et ils sont devenus agriculteurs dans la petite communauté française de Portage des Sioux, également sur le Mississippi. À cette époque, la région était territoire américain depuis peu de temps, ayant fait partie de “Louisiana Purchase.”

Une anecdote de la vie de Félicité la situe directement dans le contexte des conflits de territoire dans les États du Corridor du patrimoine français, alors que les autochtones luttaient pour garder le contrôle de leur vie et de leurs propres revendications territoriales. Dans le Missouri, de plus en plus d’Américains s’installaient sur le territoire, y compris des terres réservées aux autochtones les Sac, Meskwaki (Fox) et Osage. Cela a provoqué des épisodes de violence où les autochtones se battaient pour le contrôle du territoire que leur appartenait. En 1804, le Traité de Saint-Louis (le premier d’une série connue sous ce nom) fut signé, cédant le nord-est du Missouri et une grande partie du territoire de l’Illinois et du Wisconsin aux États-Unis, même si les chefs qui signèrent le traité n’étaient pas habilités par leurs tribus à céder leurs terres.
Les informations accompagnant une photographie de Félicité datant de 1870 témoignent de la violence entre les autochtones et les colons américains à l’époque du traité de 1804. On y indique que les autochtones, plus favorablement enclins aux résidents français du Portage des Sioux qu’aux Américains, ont dit leur qu’ils les épargneraient s’ils s’identifiaient comme Français en portant un bandana sur la tête. De nombreuses années plus tard, Félicité choisit de se faire photographier avec le bandana, signe de son héritage français et souvenir de cette époque tumultueuse.

Félicité et son mari avaient une famille nombreuse et, quelque temps après la mort de son mari en 1828, Félicité remonta le Mississippi jusqu’en Iowa pour vivre avec son fils Joseph et sa femme Mary. Elle faisait partie du contingent francophone très soudé de Davenport juste après sa fondation, car les registres paroissiaux montrent que l’un des fondateurs de Davenport, Antoine LeClaire, et sa famille étaient proches de la famille de Félicité. Félicité est décédée en 1873 et a été enterrée au cimetière Ste. Marguerite (actuellement le cimetière Mount Calvary) à Davenport. (L’église Sainte-Marguerite avait reçu ce nom en l’honneur de Marguerite, l’épouse d’Antoine LeClaire, qui a fait don du terrain et financé la construction du bâtiment.) Au moment où la photographie de Félicité a été prise en 1870, une peinture d’elle a également été réalisée par portraitiste Homer Henderson. Le tableau fait partie de la collection de la Missouri Historical Society. L’histoire de sa vie a été étudiée par sa descendante, Catherine Keating.
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